Rentrer dans le travail et la pensée d’Alioune Diouf, c’est rejoindre la marche en pleine route, suivre des coins et recoins imprévus. Nous ignorons où conduira le chemin qu’il prend, quelle image le trait tracé au fusain nous révélera, et à quoi aboutiront ses mots, dénués d’artifice. Et pourtant, son œuvre nous emporte vers une unité qui contient la variété du monde. Ce tout se tient et s’éprouve. Mais le tout naît de pas grand-chose : d’une trace sur un mur, d’une feuille de manguier, d’un fil à coudre qui fait éclore des visages, des symboles sacrés et motifs. Ses œuvres incarnent le débordement : chaque figure dessinée – de l’oiseau, à l’arbre, à l’homme, à l’œil, – ne s’arrête jamais à sa forme, mais se déploie et s’étire au-delà de ses contours. Un art qui chatouille la spiritualité, la spiritualité qui caresse l’art. Une humanité possible. Une unité. Une ouverture. Ubeku, cette exposition inaugurale d’Alioune Diouf (Sénégal, n.1964) faite à la suite d’une résidence de deux mois à Selebe Yoon, présentera une installation monumentale créée in-situ, une série de dessins aux pigments naturels et des œuvres mêlant couture et peinture.