
Laboratoire Agit’Art
Avons-nous assez dormi pour enfin rêver l’avenir ? Si le sommeil nous prémunit du grand rêve, n’avons-nous pas assez dormi pour rêver le présent ? Comme pour perpétuer ce rêve scandé en août 1963 de l’autre côté de l’Atlantique, qui affirma que « le rêve est réalité ». Ce rêve transcende les frontières, le temps, les séparations, pour ne plus avoir la peur au ventre et dire « I HAVE A DREAM », afin de ne plus rester inerte face aux corps ambulants qui se bousculent dans un étroit passage, qui mène vers l’abscisse. Ce sablier qui s’adonne à être le gouvernail du temps ! Un réveil conditionné n’est pas prescrit dans le mouvement, il nous faut s’élancer dans les lois démiurgiques !
Qui pourrait nous ramener à voir sous un autre angle ces milliers de jeunes étalés sur les bordures de trottoir de Saint-Louis à Dakar avec leurs fagots de mémoire, tous, souvent malheureusement vus comme un fardeau pour la société. Ces petites gens attendent un Messie. Pourtant ce Messie passe à l’heure du « salimto » pour bercer le soleil avec un message moraliste. Mais ces gens trop accrochés à leur zone de confort, réfutent les signes apparents. Devrons nous redimensionner le circuit du temps ?
Tout en sachant que prendre la parole coïncide avec le sommeil des autres. Sur sa longue promenade au bord du fleuve, il affirma que « le temps lui courait toujours après », jusqu’à réveiller ses amis en plein sommeil pour des promenades ou des discussions au milieu de la nuit. Sommes-nous en symbiose avec l’heure du réveil ? Cette nature s’impatiente à faire le voyage seule, Gadaay, cette longue marche vers la souveraineté, en s’immolant, étouffant les animaux, les oiseaux qui lui avaient fait allégeance de porter son ombre. Une partie de la terre était une réserve pour un énième replacement-déplacement en attendant Amkoullel, ce Messie venant de là où la mer et le fleuve s’accouplent, cachant les larmes de cette mère, pendue sur le pont Faidherbe.
La vie et la façon d’agir ne sont rien d’autre qu’une affaire de fins et de moyens, disait Alynski. Que faisons-nous de cette vie ? Le réveil serait-il de renouer avec la terre, qui est en phase de changer de cap? Ou de s’endormir sous domination espérant se réveiller sur un lit drapé par ce Messie ? Ou de nous dire que l’autre ne peut avoir de problèmes qui ne puissent-être le nôtre ? Comme disait De La Rochefoucauld : « Nous avons tous assez de force pour supporter les malheurs d’autrui. »
Have we slept enough to finally dream of the future? If sleep protects us from the great dream, have we not slept enough to dream of the present? As if to perpetuate the dream chanted in August 1963 on the other side of the Atlantic which stated that « the dream is real ». This dream transcends borders, time, and separations, so that we no longer live in fear and are able to say: « I HAVE A DREAM », to no longer remain inert in the face of walking bodies jostling in a narrow passage that leads to an abscissa. An hourglass devoted to being at the helm of time! Conditioned awakening is not established in movement, we must take the plunge into demiurgic laws!
Who could help us to see the thousands of young people spread out on the curbs of Saint-Louis in Dakar from another angle? People with bundles of memories, often unfortunately considered as a burden on society. These little people await a Messiah. But this Messiah arrives during « salimto » to becalm the sun with a moralistic message. Yet these people, much too attached to their comfort zones, repudiate the apparent signs. Should we redimension the course of time?
All the while knowing that speaking up coincides with others’ sleep. On his long walk by the river, he stated that « time was always running after him », to the point of waking his friends up while they were sleeping for walks or discussions in the middle of the night. Are we in symbiosis with the time of awakening? This nature is eager to travel alone, Gadaay, that long march towards sovereignty, by immolating itself, suffocating the animals and the birds that had pledged allegiance to it to project its shadow. Part of the earth was a reserve for yet another replacement displacement awaiting Amkoullel, the Messiah that comes from where the sea and the river couple, concealing the tears of this mother, hanging on the Faidherbe bridge.
Alinsky said that life and the way we act are nothing more than a matter of ends and means. What do we do with this life? Would the awakening be to reconnect with the earth, a planet in the process of changing direction? Or to fall asleep under domination hoping to wake up on a bed draped by this Messiah? Or to tell ourselves that others cannot have problems that cannot be our problems? As De La Rochefoucauld said: « We all have enough strength to bear the misfortunes of others. »
Laboratoire Agit’Art / Musée Théodore Monod d’art Africain
1, Place Soweto, BP 206 Dakar
Contact : Ican Ramageli
E-mail : alfadio10@gmail.com

Gadaay : Zone de confort
Collectif Agit’Art
Vernissage le samedi 9 novembre à 19h.
Exposition du 9 au 20 novembre 2024.
Horaires : ouvert du mardi au dimanche de 9h à 17h.

L’absence
Ils sont tous absents
Perdus dans le néant
Pensant disent-ils.
Panser oui mais pas penser.
D’ailleurs penser à quoi ?
À la reprise des activités ? Comme avant ?
Ils n’ont rien compris.
Nous n’aurons pas besoin des absents qui se sont enfermés dans leurs ateliers
à pondre des projets à vendre quand les temps seront plus cléments.
Nous n’attendrons pas ceux qui guettent le voyage vers l’ailleurs
Fuyant l’action ici présente.
Nous allons retourner retrouver ce que nous avons semé.
Nous sommes-nous occupés des graines plantées la saison dernière ?
C’est l’hivernage et les paysans la suite dans les idées sont dans leurs champs.
Où sommes-nous ?
Avons-nous veillés sur la graine
Créatrice semée dans le cœur
De ses enfants de Médina ?
Laçons nos chaussures et marchons ensemble et
allons soigner la graine qui germe,
la faire pousser avec des paroles, de la danse et du rêve.
Laboratoire Agit’art, 2021

Contamination
Laboratoire Agit'Art
Hey Joe,
Sommes-nous arrivés à la fin de cette forme de civilisation sur terre ? Les marchands et les mendiants aussi ont quitté les rues de la capitale suivis par les chats, les cafards et les rats. Il n’y a plus personne, les usines, les bureaux, mosquées et églises sont fermés. Un monde s’arrête subitement, les rues de New-York, Tokyo, Séoul, Paris ou Londres se sont vidées des populations, dans la cité du Vatican le Pape prie seul et en silence face à cette colonne de marbre, à la Mecque, personne autour de la Kaaba, les portes de la mosquée du prophète Mohamed sont closes. Dorénavant nous nous tenons à bonne distance les uns des autres, nous ne nous faisons même plus la bise. Un paysan assis non loin d’un tas d’ordures garde les yeux rivés sur un ciel qui refuse obstinément de libérer une pluie salvatrice pendant que le décompte macabre se poursuit à la radio. A présent le parcours impose la réinvention d’une nouvelle civilisation moins violente qui mettra le respect de l’environnement au cœur de nos préoccupations pour contaminer la naissance d’un autre futur pour l’humanité.

« Transmission » : du Musée à l’Homme
Collectif Agit‘Art
Après « Initiation », la première phase de notre nouveau cheminement au Centre Culturel Blaise Senghor à Dakar, le Laboratoire Agit’Art quitte ce lieu d’exposition et de représentation muséale pour investir l’école Manguiers où ses membres sont attendus pour exercer leur mission : celle de donner, de recevoir, de guérir, de faire, à travers un acte fort de transmission. Cette démarche, désir des sages du bois sacré, permettra de réaffirmer notre postulat : « Les masques ne sont pas destinés aux musées ». Nous sortirons des musées et nous ferons le voyage vers l’autre pour retrouver enfin, l’endroit où nous sommes attendus. Retourner dans la société, « Ñu dellu fa ñu jógé » (Retourner d’où nous venons), dans l’enfance, à l’école Manguiers de la Médina de Dakar. L’école est le lieu où un enfant scolarisé passe les trois quarts de ses journées. Cet espace est à la fois son domaine d’apprentissage et de jeu. Cet endroit doit lui donner envie d’y venir chaque jour en lui offrant un certain confort, une protection, un épanouissement ainsi qu’une première expérience de socialisation et de construction d’un patrimoine commun. Dans cette deuxième étape de notre projet intitulé «Transmission », il s’agira pour les artistes du Laboratoire Agit’Art d’intervenir au sein de cette école avec les enfants et le personnel éducatif afin de réintroduire des activités à la fois éducatives, créatives et récréatives. Et ainsi, de remettre ce patrimoine commun en partage, au cœur de l’enfance et de ses apprentissages fondamentaux.

Lettre de loin, réponse de l’intérieur
Dans les années 1970, un journal hebdomadaire satirique créé par Mam Less Dia voit le jour et paraît à l’improviste pendant plusieurs années. Le journaliste, alors en exil, utilise ce format pour continuer à correspondre avec des artistes, des intellectuels et des journalistes du Sénégal. C’est aussi un outil subversif et contestataire qui lui permet d’échanger avec eux, de lutter et d’ébaucher des solutions pour l’avenir. Le Politicien devient alors le premier journal satirique du Sénégal, et trouve dans ce contexte où la liberté de la presse est malmenée, toute sa singularité grâce aux dialogues entre deux et ou plusieurs personnes éloignées, mais parvenant à entretenir une « correspondance clandestine ».
Ce dialogue est alors nommé « Lettre de loin, réponse de l‘intérieur ».
Aujourd’hui, ce journal met en perspective les nouveaux formats d’échanges et les moyens d’expression numériques qui sont aussi des armes de résistance massive contemporaines pour les artistes, les activistes et les penseurs de notre temps. Inspirés par cette pratique inscrite dans l’histoire du Laboratoire, nous enverrons à nos « correspondants » de « l’extérieur » une lettre à laquelle ils répondront à leur façon par une autre lettre, un son, un objet, une image ou une vidéo… Et nous leur répondrons à nouveau pour constituer un corpus de résistance des temps présents… Cette année le Laboratoire Agit’art intervient dans un endroit mythique de la culture à Dakar, un lieu qui autrefois était une halte incontournable pour la communauté artistique dakaroise : Kadjinol Station.

La chaine libyque : dakar ville anarchitecturale
Laboratoire Agit’Art
La population de Dakar sème beaucoup plus de béton que de graines. Quelle inexactitude dans une forme définie pour l’homme, par l’homme ! La recherche « d’alternatives pour l’écologie et l’architecture »... voici les découvertes qui ont engendré la réfutation d’un modèle architectural qui répondait à des normes idéales pour l’Homme. Dakar est une ville qui se nourrit d’espaces vides, d’arbres, de passages piétons, une ville qui lutte avec le vent. Dans cette « ANARCHItecture » où la fonction est juste un titre pour les passations, mais jamais pour remplir les tâches... qui contrôle quoi ? qui autorise quoi ? qui vérifie quoi ? des entrepreneurs immobiliers avec des conception, formes, aussi mal nourris nous font croire qu’ils peuvent atteindre la perfection de la chaine libyque ! Ne nous étonnons pas si nous perdons notre patrimoine bâti. L’architecture d’aujourd’hui est cancérigène. Nous vivons un millénaire où chaque nouvelle découverte ou alternative, se heurtera trop tardivement à ses imperfections dans les décennies ultérieures.

ZAT = ZONE D’AUTONOMIE TEMPORAIRE
Temporary Autonomous Zone TAZ
La Zone d’Autonomie Temporaire (ZAT) consiste à prendre une partie entière de la ville avec sa configuration et son fonctionnement habituel et de la libérer pour la création artistique. Il s’agira là de montrer comment la vie courante d’une rue peut être considérée comme une œuvre d’art, un souffle de vie et d’action commune. Faire en sorte que la rue elle-même et ses habitants deviennent une œuvre et des créateurs, créateurs de leur quotidien commun et de sa beauté. Redynamiser le mot art, pour le rendre à la vie et ne pas seulement déstabiliser la rue pour l’offrir à l’art dans sa version habituelle. La ZAT a pour objectif de créer une dynamique nouvelle à travers une occupation des magasins, halls d’hôtels et autres commerces présents dans la rue Jules Ferry. Des expositions d’art, performances, projections vidéo seront prévus dans tous ces lieux. Chaque habitant, travailleur et habitué de cet environnement deviendra créateur et contributeur au projet. Pour ce faire le laboratoire Agit’art a regroupé des artistes photographes, peintres, vidéastes, designers et performers du Sénégal, de l’Allemagne et de la France et des habitants de la rue Jules Ferry pour mener à bien ce projet. Une performance le jour du vernissage le 8 décembre à 17h sur tout le long de la rue Jules ferry jusqu’à l’institut français.
* Les ZAT souhaiterait que la rue Jules Ferry soit rebaptisée « Rue Joe Ouakam »
* Les affiches Partcours dans une boutique, hôtel, espace, indiquent la présence d’une exposition.

Regards sur la ville
Exposition collective, photographie
Regards sur la ville est conçu comme un projet collectif d’auteurs photographes ; il s’agit de confronter la diversité des points de vue de plusieurs artistes. L’objectif de cette mission Regards sur la Ville 2015 reste, comme à son origine, de réunir différentes propositions visuelles sur notre espace urbain, les hommes qui l’habitent mais aussi leurs différents styles de vie. Un évènement ouvert, avec plus de 15 artistes.
Ican Ramageli, commissaire d’exposition.

Mémoires et Archives
Issa Samb alias Joe Ouakam
Issa Samb est un sculpteur, peintre, acteur, philosophe, artiste, écrivain et critique. Pendant des décennies, il a créé un planétarium composé de multiples univers interconnectés dans lesquels les signes de la vie quotidienne sont transformés en autels de ses obsessions. Dans le cadre de ses lectures de la philosophie marxiste et de l’esthétique radicale, beaucoup de ses assemblages sculpturaux prennent des formes de paragons de révolutionnaires; tel que Che Guevara, Amilcar Cabral, Sékou Touré, Lech Walesa et les Black Panthers. Ceci suggère la possibilité d’exploiter l’énergie des arts visuels au nom d’une lutte pour les faibles et les défavorisés.
Le Happening Mémoires & Archives est une invitation à la (re)découverte de ce monde aussi magique que concret qu’est l’univers de Issa Samb; une série de films, d’enregistrements audio, d’installation et de performances imprévisibles.